3 ANECDOTES SUR LE LONELY PLANET VIETNAM - 1er édition 1991

En faisant du rangement, j’ai retrouvé au fond d’un carton ma bible, mon premier Lonely Planet que j’avais acheté à Da Nang en 1995.
Bien sûr, ce n’est pas un original, mais une version photocopiée comme on les trouvait en ce temps-là dans beaucoup de pays d’Asie.
En voyant le titre, "Travel Survival Kit" on comprend immédiatement que voyager au Viêtnam ou plus généralement en Indochine dans ces années-là, c'était l'Aventure.
D'ailleurs, certains passages paraissent irréels comme la mise en garde sur la visite des temples de My Son. Ça me rappelle des souvenirs et des anecdotes de mes premiers séjours au Viêtnam.

Anecdote  #1

VOUS VOULEZ VISITER LES TEMPLES DE MY SON ? ALORS FAITES ATTENTION AUX VACHES QUI VOLENT.

Je me souviens très vaguement de ma première visite des temples de My Son. Mais quelque chose m'a néanmoins marqué.
C'était en 1994. J'étais parti en bateau depuis Hoi An. Après plusieurs heures de navigation sur la rivière Thu Bon, le "capitaine" me déposa à une dizaine de kilomètres de l'entrée des temples. Et c'est sur un vieux vélo, embarqué avec moi sur le bateau que j'ai parcouru les derniers kilomètres.
Une fois le ticket acheté, il fallait marcher encore pendant presque 2 km pour arriver aux ruines. Moyennant un extra de quelques dollars, vous pouviez faire ce court trajet à bord d'une ancienne Jeep de l'armée américaine.
Pont en bambou pour acceder aux temple de My Son - 1995 Je ne me souviens pas du tout de la visite des temples, mais ce dont je me souviens parfaitement, ce sont les consignes que l'on m'avait données sur un ton très insistant avant de faire la visite.
 
"Il est formellement interdit de sortir du sentier. Même si vous voulez faire pipi, vous faites pipi sur le sentier."
Je trouvais cette interdiction très bizarre.
Et quand j'ai demandé la raison, la réponse était encore plus bizarre…
"Parce qu'ici les vaches peuvent voler."
Mon anglais étant plus que très faible. Je n'étais pas sûr d'avoir bien compris.
J'ai dû faire une tête tellement hébétée en entendant ça, que l'on me donna des explications un peu plus claires.
“ - Il reste encore des mines datant de la guerre. Donc il est très dangereux de sortir du sentier.
- Ok, je comprends, mais le rapport avec les vaches ?
- Les vaches ne respectent pas les consignes de sécurité et il arrive parfois de voir une vache s'envoyer en l'air en marchant sur une mine.”😰
 
Je vous assure qu’après cette explication, personne ne prenait le risque de quitter le sentier.
Et en lisant le paragraphe "Warning" du Lonely Planet, vous retrouvez un avertissement similaire 😁. Quant à l’histoire des tigres à My Son, j’ai une autre anecdote, mais je vous la réserve pour une prochaine fois 😉.

Page 280 du Lonely Planet sur les temple de My Son

Traduction du paragraphe

“Pendant la guerre du Viêtnam, les collines et vallées autour du site de My Son ont été fortement minées. Lors des opérations de déminage en 1977, six sapeurs ont été tués dans ce secteur. Aujourd’hui, les vaches en pâturage dans les environs sont parfois soufflets. Cela signifie qu’au fil du temps, les pauvres bêtes découvrent les mines restantes les unes après les autres. Les collines alentour deviennent de plus en plus sûres. Pour votre sécurité, ne sortez pas des sentiers balisés.

Si le cœur vous en dit, vous pourriez essayer de voir le bon côté des choses : lors des travaux de restauration par les Français dans les années 1930, une personne a été mangée par un tigre. Aujourd'hui, après tant d'années de guerre, les plus gros animaux non domestiqués de cette région sont les cochons sauvages, qui ne présentent aucun danger pour l'homme.”

Anecdote  #2

TROUVER UN HOTEL A HOI AN, PAS VRAIMENT LE CHOIX

Photo des quai de Hoi An en 1996
Dormir à Hoi An dans les années 90 ??? Pas vraiment le choix.
Cette édition de 1991 du Lonely Planet, vous indique un seul "hôtel" pour dormir. Il y a seulement 3 chambres de 4 ou 5 lits chacune. Bref, seulement 15 touristes pouvaient passer la nuit à Hoi An en ce temps-là.
Mais le plus amusant, c’est d’avoir spécifié qu'il était possible d'avoir un matelas sur demande. Je n’imagine même pas la tête du matelas 😱. Remarquez, pour 6.000 vnd (à l’époque 6.000 vnd valaient 2,50 francs ce qui ferait 0,58 € d’aujourd’hui) il ne faut pas demander la lune 😀.
 
C’est en 1994 que je suis arrivé à Hoi An pour la première fois, donc 3 ans après la publication du guide.
Cette année-là, il y avait déjà 3 hôtels. Le Hoi An hôtel qui était l'hôtel du gouvernement. C’est là que j’ai résidé lors de mon premier séjour. Le Thuy Duong Hotel qui a fini par devenir ma résidence pendant plusieurs mois, de 1995 à 1996. Et enfin, je crois que le Vinh Huong Hotel sur Tran Phu était déjà ouvert.
 
Si vous arriviez à Hoi An un peu tard un jour de “grande influence", vous n’aviez pas le choix. Vous deviez partir à Da Nang pour trouver une chambre pour la nuit.
Et impossible de se faire accueillir par quelqu’un, car en ce temps-là, la loi interdisait formellement à un étranger de dormir chez l’habitant.
Quant à l'hébergement situé au 92 Tran Phu mentionné dans le guide, je ne l'ai jamais vu.
 

Comment accéder aux îles Cham en ce temps là ?

Sur cette page, on peut aussi lire un paragraphe intéressant sur les îles Cham. L'accès aux îles était contrôlé. Même les Vietnamiens devaient demander une autorisation pour s'y rendre.
Quant à l’autorisation pour les étrangers dont le guide fait mention, je n’ai jamais réussi à l’obtenir.
Et c’est bien des années plus tard que les îles Cham ont été ouvertes aux touristes.
 

Traduction des paragraphes

“... les étrangers et les Vietnamiens ont besoin d'une autorisation pour visiter l'île car les tentatives récentes de fuir le pays ont été déguisées en excursions vers l'île de Cham. …”

“Ou dormir
La maison d'hôtes ... de la ville de Hoi An est située au 92, rue Tran Phu. Une chambre avec quatre ou cinq lits coûte 6 000 d. Des matelas sont disponibles sur demande; la salle de bain est commune”

Anecdote  #3

BA NA HILL - À LA RECHERCHE DU SAINT GRAAL.

La montagne de Ba Na avec son village colonial oublié de tous, a été pendant des années mon Saint Graal.
C'est dans ce guide que j'en ai entendu parler pour la première fois. La description a vraiment aiguisé ma curiosité. Mais les informations pour s'y rendre sont, comme vous pouvez le lire, bien maigres.
J'en parle autour de moi, personne ne connaît ce lieu. Et à l'époque pas d'Internet pour trouver des informations et pas de GPS pour vous guider.
Une journée de juin 1995, je me lance.
 
Me voilà parti avec seulement les quelques annotations du dernier paragraphe du Lonely Planet, une carte très approximative de la région que j'avais trouvé, je ne sais pas par quel miracle, et une moto de location.
Après plusieurs heures de recherche, j'avais réussi à trouver l'ancienne route coloniale qui n'avait pas dû beaucoup changer depuis sa construction. Elle était tout en pierre et à moto, c’était un vrai tape-cul.
Je quitte cette route complètement défoncée pour emprunter un petit sentier de terre qui se dirige vers une montagne. Je passe devant une chapelle en haut d'une colline et après quelques kilomètres, le sentier commence à s’enfoncer dans la forêt de plus en plus épaisse puis disparaît dans la végétation tropicale. Impossible de continuer même à pied. Déçu, je fais demi-tour et rentre à Hoi An.
Étant sûr d'être dans la bonne direction, 6 mois plus tard, je fais une deuxième tentative. Je reprends le même chemin et je prévois de laisser la moto à la fin du sentier pour continuer à pied à travers la forêt.
Surprise ! En l'espace de quelques mois, les choses avaient changé.
 
Le sentier était devenu un chemin et à l'endroit où il s'arrêtait, il y avait maintenant 2 pistes qui partaient dans des directions opposées. Je choisis de suivre celle qui prenait la direction des montagnes. Après seulement quelques centaines de mètres me voilà nez à nez avec une barrière, mais surtout avec un camp militaire. J’aurais aimé que vous voyiez leurs têtes lorsqu’ils ont vu un jeune blanc en short, t-shirt avec une casquette, perdu au milieu de la jungle au guidon de sa Honda. Ils m’ont vite fait comprendre que je n’avais rien à faire ici et qu’il valait mieux que je retourne au plus vite d’où je venais. Ce que j’ai fait sans discuter. Me voilà encore une fois de retour à Hoi An sans avoir trouvé Ba Na.
 
Mais étant assez têtu. Quand j’ai une idée dans la tête, je ne l’ai pas ailleurs. En mai 1996, je décide de retenter l'aventure.
Je retourne là où les militaires m'avaient stoppé en espérant qu'ils aient levé le camp. Première chose en arrivant, la barrière est ouverte. Je passe et après 300 ou 400 mètres, je vois une cabane en bois au bord d’une rivière.
Cette cabane à l’air d’être habitée. Un homme d’une quarantaine d'années vient à ma rencontre. Bonne nouvelle, c’est un civil !
Avec mes 3 mots de vietnamien, j'essaye de lui expliquer que je cherche Ba Na. Et pour la première fois depuis le début de ma quête, une personne me répond "oui". Il connaît Ba Na 🥳 et il m'indique le sommet de la montagne qui se trouve devant moi.
Victoire !!!
Euh… Enfin non 😔, pas encore. Il m'explique qu'il faut 2 jours de marche dans la montagne pour atteindre le sommet et arriver à l'ancien village colonial.
Il est tard, je n'avais pas prévu une randonnée de 4 jours dans la jungle. Mais j'ai trouvé Ba Na et un guide pour m'accompagner au sommet. Ce n'est que partie remise.
Pour vous terminer l'histoire, quand je suis revenue au Viêtnam quelque temps plus tard, le gouvernement venait de rouvrir l'ancienne piste coloniale et l'avait transformée en route. On pouvait maintenant monter à Ba Na à moto.
 
Je vous laisse imaginer ce que je ressens aujourd'hui en voyant cette montagne de Ba Na, complètement défigurée et transformé en parc d'attractions. 

Page 263 du Lonely Planet sur Ba Na Hill

Traduction du paragraphe

“Ba Na, le Dalat de la province de Quang Nam - Da Nang, est une station de montagne.
Le mont Ba Na (ou nui Chua), culmine à 1467 mètres au-dessus de la plaine côtière.
La vue dans toutes les directions est vraiment spectaculaire, et l'air est frais : Quand il fait 36°C sur la côte, la température est susceptible d'être comprise entre 15° et 26°C à Ba Na. La pluie tombe souvent à une altitude de 700 à 1200 mètres, mais autour de la station de montagne, le ciel est généralement clair. Les sentiers de montagne de la région mènent à une variété de cascades et à des points de vue.

Ba Na, qui a été fondée en 1919 pour les colons français, n'est actuellement pas en état d'accueillir les visiteurs ; Mais le gouvernement de la province a bon espoir de faire à nouveau de Ba Na un pôle d'attraction pour les touristes.
Par la route, Ba Na est à 48 km à l'ouest de Da Nang (à vol d'oiseau, la distance est de 27 km). Jusqu'à la seconde guerre mondiale, les colons français parcouraient les 20 derniers Km en chaise à porteur.”

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